Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/237

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la colère des nôtres contre les ennemis de la Mestiza… Il faut la sauver d’abord… Ensuite tu reviendras chanter le chant de mort au vieux chef que le Grand Esprit rappelle à lui.

Cœur de Feu avait obéi.

Le rassemblement du peuple séminole eut lieu en un endroit appelé les Roches-Rouges de Guadalupe. Un immense cirque dénudé, environné d’une ceinture de rochers rougeâtres, fendillés par l’ardeur du soleil.

Plus de vingt mille personnes se pressaient dans ce cirque naturel. Agriculteurs, chasseurs, industriels, écoliers — car les Séminoles ont des usines et des écoles — avaient tenu à l’honneur de répondre à l’appel de Cœur de Feu.

Les femmes avaient suivi afin de préparer la nourriture des hommes.

Au surplus, les délibérations furent brèves.

Lorsque Francis, invité à parler, eut exposé la situation de la petite troupe de Dolorès, un immense cri monta dans l’air.

— Il faut délivrer la Vierge inca-atzèque.

Et, séance tenante, Cœur de Feu, promoteur de la réunion, fut désigné pour se rendre au camp des rôdeurs de la prairie qui assiégeaient la Mestiza. Aux assaillants il dirait ceci :

— Depuis de longues lunes, la hache de guerre a été enterrée chez les Séminoles. Non pas que ceux-ci aient peur du combat ; leurs tribus sont aujourd’hui les plus nombreuses, les mieux armées. Mais les Séminoles ont compris les bienfaits de la civilisation et de la paix. Ils se sont munis de fusils perfectionnés ; leurs fils reçoivent l’instruction des blancs ; des usines et des fermes s’élèvent à la surface aride de la prairie. Eh bien ! les Séminoles veulent que la Vierge du Sud ait libre passage, que nul n’entrave sa marche. Retirez-vous donc, frères rouges du Nouveau-Mexique, de l’Arizona ou du Texas ; retirez-vous si l’amitié séminole vous est chère, si vous voulez éviter les maux d’une guerre sans merci.

Le jeune Indien accepta sans murmurer la mission qui lui était Confiée.

Son père était seul, mourant, dans leur village désert. Sans doute le cœur du fils était déchiré par la pensée de cette agonie solitaire, mais il n’en laissa rien paraître.

Seulement il activa les préparatifs du départ, et le