Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/236

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— En restant digne d’elle. Ce disant, il prenait le coursier par la bride. Celui-ci se laissa docilement guider ; l’homme et l’animal s’engagèrent dans le passage étroit qui montait du Lac Noir à la plaine.

Évidemment les assiégeants avaient placé un factionnaire en cet endroit par un luxe de précaution qu’ils ne croyaient pas utile. Invraisemblable en effet était la pensée qu’une attaque pût se produire de ce côté.

Aussi Francis atteignit-il la surface du désert sans avoir rencontré personne.

Il poussa une exclamation de triomphe. La partie la plus difficile de son expédition était accomplie.

Sautant joyeusement en selle, il serra les flancs de sa monture et la bête partit au grand trot.

Au matin, Francis avait depuis longtemps perdu de vue les entassements basaltiques du Val Noir. Quatre jours de marche le conduisirent sur les rives desséchées de la rivière Canadienne.

Le cours d’eau était tari, barré de distance en distance par des lagons résultant de la plus grande profondeur du lit de la rivière.

La cinquième journée n’était pas achevée, que le voyageur entrait dans le village séminole de Whealers. Il y trouvait le vieux chef le Cheval Noir et son fils Cœur de Feu.

À la nouvelle que la Mestiza était assiégée au Val Noir, les Séminoles avaient ressenti une indignation terrible. Eux, les vieux alliés des Atzecs, des Toltecs, eux, les ennemis intraitables des Comanches et des Apaches, ne laisseraient point dans l’embarras celle qui parlait au nom de la tradition inca-atzèque.

Des courriers avaient été expédiés sur-le-champ aux diverses tribus séminoles établies le long de la rivière Canadienne.

Un rendez-vous avait été fixé aux chefs. Toute la nation assemblée délibérerait sur ce qu’il convenait de faire.

Les guerriers, les femmes, les enfants avaient quitté le village, tous se rendant à l’endroit désigné.

Avec Cœur de Feu, Francis Gairon les avait suivis. Et parmi les huttes désertées, le Cheval Noir seul était resté, grelottant de fièvre, n’ayant plus la force de marcher.

— Va, avait dit le vieillard à son fils, va… Soulève