sans végétation, sans eau, sans ressources d’aucune sorte.
À cheval, le voyage eût duré quatre ou cinq jours. À pied, il demanderait le double de temps, le triple peut-être. Et les fidèles de la Vierge mexicaine devaient marcher, car leurs montures avaient été sacrifiées durant le siège.
— Au lieu de nous porter, elles nous soutiennent, avait dit plaisamment Cigale.
Oui, mais à présent elles manquaient.
On tint donc conseil.
Enfin le Puma éleva la voix :
— Je pense que l’on pourrait se reposer aujourd’hui et profiter de la journée pour choisir, parmi les bagages, les choses indispensables. On abandonnerait les autres, afin d’être aussi peu chargés que possible.
— Ochs ! firent les Mayos survivants.
Les Européens acquiescèrent à cette résolution. Jusqu’à la nuit, le campement offrit l’aspect d’une cité en déménagement.
Enfin l’obscurité remplaça la lumière, les étoiles s’allumèrent au ciel. Tout était prêt.
On partirait le lendemain au crépuscule.
Et ravis d’être délivrés, heureux de penser qu’après quelques jours de fatigue, ils parviendraient dans la région amie habitée par les Séminoles, les compagnons de Dolorès s’endormirent au milieu du grand silence de la prairie.
À cette heure même une longue file de cavaliers serpentait à travers le désert.
Muets, dressés sur leurs selles comme des statues de bronze, les Indiens commandés par le Vautour Rouge revenaient vers le Val Noir qu’ils avaient abandonné la veille.
Au matin de ce jour, après une longue étape, pendant laquelle Cœur de Feu les avait accompagnés, les Apaches et les Comanches avaient établi leur camp à quarante milles de celui de Dolorès.
Cœur de Feu n’avait pas soupçonné les pensées traîtresses du Vautour Rouge. Après quelques heures de repos, il avait quitté le campement pour reprendre le chemin des territoires occupés par sa tribu.
Quarante minutes plus tard, deux cavaliers s’étaient élancés sur ses traces.