Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/249

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s’assurer que ses injonctions étaient fidèlement exécutées.

Ce furent des exclamations joyeuses, des effusions, des serrements de mains.

— Ah ! s’écria la Mestiza en fixant sur Francis le rayon caressant de ses doux yeux, vous ne pourrez plus dire que vous n’êtes pas digne d’être présenté aux Sudistes comme un libérateur.

— Moi ? fit-il avec embarras.

— Vous-même, qui avez assuré le succès de notre expédition.

Il secoua tristement la tête :

— J’ai fait ce que tout autre eût fait à ma place. Je n’ai pas voulu que vous tombiez au pouvoir des bandits de la prairie.

— Et vous avez risqué votre existence…

— Pour ce qu’elle vaut… le risque était mince.

La Mestiza eut une moue impatiente :

— Je vous défends de parler ainsi… ; la vie d’un brave homme et d’un homme brave a une valeur inestimable.

— Oui, répéta Gairon d’un ton indéfinissable, la vie d’un homme et d’un brave homme… Vous avez raison… Mais est-on brave parce que l’on effectue une chevauchée à travers le désert ? Est-on brave parce que l’on trouve un courageux Indien qui vous prête son appui ?

— Oui, à mon avis du moins.

La jeune fille prononça ces dernières paroles avec une nuance d’humeur.

Elle était mécontente… pourquoi ?… Elle n’eût su le dire exactement. Elle s’irritait de la façon dont le Canadien rabaissait son dévouement.

Et lui, tout bas, s’injuriait, se reprochant d’accepter les compliments de celle qui ne pouvait deviner que son acte dévoué était seulement la conséquence logique d’une trahison.

Brusquement, Dolorès s’éloigna.

Au surplus, de graves préoccupations exigeaient sa présence.

Le blocus du Val Noir était levé. Qu’allaient faire les assiégés ?

Certes, l’intention de la Mestiza était de gagner le territoire des Séminoles ; mais, pour le faire, il fallait traverser deux cents kilomètres de plaines désertes,