— Du Nord ? répéta le Marseillais transfiguré.
— Oui, du Nord !
— Eh ! ma colombe, il fallait le dire tout de suite… Je marche contre le Nord… un homme du Nord, c’est dans ma direction.
— Ramasse.
Scipion pouffa de rire :
— Fouille toutes tes poches, mon bon, fouille. Tu verras si tu y trouves un Marseillais qui ramasse.
Il n’avait pas achevé que le poing au chasseur s’abaissait avec une rapidité foudroyante : mais, prompt comme l’éclair, Massiliague arriva à la parade et avec une bonhomie pleine de pitié :
— Tu as tenté de frapper… tu seras le premier Nordiste qui mordra la poussière.
— Un duel ?
— Un petit duel, oui, mon amour.
— À la carabine ?
— Au canon, si tu veux.
— Demain matin ?
— Demain ?
Scipion se gratta l’oreille…
— Demain je dois prendre le train à sept heures… Soit, si tu es capable de te battre à six…
— Entendu ! Rendez-vous au Castillo de Chapultepec.
— Chapultepec, entendu !
Et le Marseillais reprit l’ascension de l’escalier.
Seulement, comme il arrivait au premier palier, il se rencontra nez à nez avec Francis Gairon, qui paraissait attendre.
Le Canadien salua.
Scipion lui rendit sa politesse.
— Pardon, monsieur, si je vous arrête, dit Francis de sa voix la plus caressante, mais j’ai cru entendre à l’Instant que vous vous déclariez ennemis des Américains du Nord. Je me suis trompé sans doute ?
Du coup, Massiliague se dressa sur ses ergots. Il était lancé : ayant un duel sur la planche, que lui importait d’en avoir plusieurs ? Aussi il répliqua du tac au tac :
— Pas du tout, monsieur, J’ai les Nordistes en horreur… Cela vous offusque ?
— Énormément.
— Vous souhaitez peut-être une rencontre ?
— J’allais le dire.