Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/34

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— Deux mille ? s’exclamèrent les chasseurs.

— Acceptez-vous.

Les Canadiens avaient hésité.

— Oh ! insinua Joë, vous aurez moins de peine que dans vos expéditions habituelles.

— Encore, que faudra-t-il faire ?

— Servir une noble cause, ne questionnez pas davantage, il m’est interdit de m’expliquer maintenant. Vous saurez tout, à l’heure fixée par ceux à qui je me suis moi-même engagé corps et âme. Acceptez-vous ?

— Soit !

— Alors, signez ce contrat.

Et l’Américain avait déployé sur la table une feuille de papier portant la formule habituelle des engagements de chasseurs. Les blancs remplis, les signatures apposées, Sullivan avait lu à haute voix :

« Cottage Francis Gairon, près Toronto (Ontario.)

« Je soussigné déclare m’engager pour un an, à compter dudit jour, sous les ordres de sir Joë Sullivan, aux appointements de deux mille dollars net, tous frais payés.
----« Je lui devrai obéissance. Mon temps, ma carabine lui appartiendront. Pierre, mon compagnon ordinaire, me suivra et partagera, selon la coutume, les profits de la campagne.
----« En foi de quoi, j’ai signé, reconnaissant que toute infraction au présent acte serait forfaiture.

« Signé : Francis Gairon. »

Au-dessous Pierre avait ajouté :

« Approuvé l’écriture ci-dessus.
« Signé : Pierre. »------

Voilà comment les Canadiens avaient été amenés à quitter leur logis, à gagner par mer la Vera-Cruz (vraie croix), le grand port mexicain, et, de là, à se rendre par voie ferrée à Mexico, où leur « maître » leur avait enfin dévoilé ses projets.

En braves gens, ils avaient regretté d’être entraînés dans l’aventure ; mais aveuglés par un point d’honneur étroit, ils avaient jugé qu’il ne leur était pas permis de se dégager.