Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/342

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consigne dont le sens, très probablement, lui échappait, et elle se borna à s’incliner sans répondre.

Après tout, si elle ne s’était pas trompée, si un signal avait été fait à son intention, elle aurait sous la main de quoi correspondre avec ses alliés inconnus.

Le soldat se retira.

Prise d’une curiosité enfantine, elle examina le papier mis à sa disposition.

C’était du papier commun, comme en vendent les colporteurs errant de presidio en presidio.

Elle le replaça sur la table et se mit en devoir de déjeuner.

Certes, le repas n’avait rien de recherché, mais la Mestiza n’était point de ces jeunes filles maniérées qui critiquent les mets.

Et puis, l’espoir réveillé en son esprit assaisonnait le bœuf de conserve.

Elle saisit le pain de munition, le rompit et demeura saisie, sans un mouvement.

Un papier roulé en boule venait de s’échapper de la cassure.

Elle le ramassa, le déplia lentement, avec mille précautions.

Des caractères lui apparurent et elle lut :

« Ce billet, enfoncé dans la mie du pain à vous destiné, est pour vous dire d’exposer à la flamme le papier à lettres qui vous a été remis. Vous apprendrez ainsi ce que vous devez savoir. »

C’était tout.

Pas de signature qui décelât l’auteur de la laconique missive… Et pourtant la Vierge mexicaine n’hésita pas. Pour la seconde fois, elle répéta :

— Francis !

Puis, un frisson la parcourut tout entière.

Pour lui écrire, le chasseur avait dû risquer sa liberté, sa vie.

Si sa ruse était découverte, quelle punition l’attendait !

Les Nordistes seraient sans pitié.

Mais elle se rassura aussitôt. Puisque papier et billet lui étaient parvenus sans encombre, il n’y avait plus lieu de s’épouvanter. Ses geôliers n’avaient point soupçonné la ruse.

Donc, il fallait obéir à l’injonction de son correspondant, exposer les feuilles blanches à la flamme et apprendre ainsi ce qu’elle devait savoir.