Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/344

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— Je n’ai pas écrit, parce que j’ai songé… Mes souvenirs ne sont pas encore très précis.

Mais il est possible que je veuille écrire ce soir. Ne pourriez-vous me procurer une lumière ?

Et, avec un sourire railleur :

— On n’a pas à craindre qu’une lampe me serve à m’évader.

— By God ! murmura le geôlier avec un gros rire, il faudrait autre chose pour sortir d’ici. Je vais transmettre votre demande au commandant John Yellow.

— C’est cela. Allez, mon ami.

Demeurée seule, Dolorès attendit avec anxiété.

S’il était fait droit à sa requête, tout était sauvé.

Elle serait à même de lire ce que lui écrivait l’ami, inconnu encore.

L’absence du soldat dura un quart d’heure.

Enfin il reparut, tenant à la main une petite lampe de cuivre et un porte-allumettes.

À cette vue, la jeune fille retint avec peine un cri de joie. Elle avait réussi.

— Le commandant a tenu à consulter Son Excellence M. Forster, expliqua l’homme, c’est ce qui m’a fait perdre un moment. Voici de quoi veiller cette nuit, mademoiselle ; vous pourrez, si cela vous plaît, écrire jusqu’au matin.

Dolorès garda le silence.

Elle sentait que, si elle parlait, le tremblement de sa voix trahirait son émotion.

Il lui fallut un énergique effort de volonté pour ne pas bondir en avant, pour ne pas arracher des mains du geôlier la lampe désirée.

Elle réussit pourtant à se contenir et le soldat sortit sans avoir rien remarqué.

La captive laissa la porte se refermer ; elle écouta le bruit décroissant des pas du gardien et, sûre enfin de n’être plus troublée, elle étendit sa main vers le porte-allumettes.

Un instant plus tard, la lampe était allumée ; sa flamme jaune et terne brillait faiblement dans la clarté tombant de la lucarne.

Mais cette lueur falote était, pour les yeux de la prisonnière, supérieure à la plus splendide illumination.

Au-dessus de la flamme, Dolorès promena lentement les feuilles de papier et des lignes apparurent, rous-