Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/345

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ses d’abord, pour arriver progressivement au noir intense.

Et la Vierge mexicaine lut :

« Doña,

Nous avons gagné la partie. Le Gorgerin d’Alliance est en notre pouvoir. Nous l’avons remis à celui que vous avez choisi comme Champion, Scipion Massiliague, en effet, vous fut constamment dévoué… N’ayant jamais démérité, il était juste qu’il eût l’honneur de rapporter le précieux bijou à Mexico. »

Dolorès interrompit sa lecture. Un brouillard humide obscurcissait sa vue. 

Puis, elle continua :

« Maintenant, il faut vous délivrer. Le temps presse. Nos ennemis possèdent une reproduction exacte du Gorgerin. Nous le savons, car nous avons arrêté l’employé qui l’a apporté de Paris. Sous peu de jours, Joë Sullivan, bien accompagné, se mettra en route. Une assemblée des Sudistes est convoquée à Mexico dans un mois. On doit lui présenter le faux Gorgerin, la facture de Paris dressée à votre nom, tuer ainsi la foi de tous en vous-même, en votre mission. »

Elle secoua douloureusement la tête.

Un mois seulement !

Son évasion serait-elle possible ?

À cette question murmurée tout bas, elle répondit par un geste las, découragé.

Non, elle ne s’évaderait pas de ce fort maudit. Évidemment, ses geôliers allaient redoubler de surveillance. À la veille du triomphe, ils ne négligeraient aucune précaution.

Mais une invincible curiosité la contraignit à reporter ses regards sur le papier.

« Donc, continuait son correspondant, le seigneur Cigale et Fabian Rosales, les moins connus de ceux qui ont intérêt à vous garder, se sont déguisés en colporteurs. Comme tels, ils vont se présenter au fort. Si ces lignes vous parviennent, c’est qu’ils auront réussi à tromper vos geôliers. »