Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/353

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Qui donc pouvait venir à pareille heure ?

D’un bond, la jeune fille se trouva debout.

Presque aussitôt, la porte tourna lentement sur ses gonds. Dolorès avait depuis longtemps éteint sa lampe. Le cachot était plongé dans une obscurité épaisse que traversait un sillon bleuté, lumière d’infini pénétrant chez la captive par la lucarne et traçant un sillon plus clair entre celle-ci et le seuil.

La Vierge mexicaine distingua ainsi deux silhouettes d’hommes immobiles dans l’encadrement de la porte.

Les nouveaux venus ne pouvaient discerner la prisonnière, enfouie dans l’ombre. Ils eurent l’air de se consulter du regard, puis un murmure étouffé fit tressauter la jeune fille.

— Mademoiselle Dolorès, avait-on dit.

Elle reconnut la voix du Parisien Cigale.

— Doña, prononça au même instant un autre organe.

— Le señor Cigale, le señor Fabian Rosales, s’écria-t-elle dans un transport de joie irréfléchi.

Mais les visiteurs la ramenèrent de suite au sentiment de la situation :

— Silence ! si vous voulez être sauvée.

— Sauvée ? répéta-t-elle.

— Oui, déclara l’hacendado Rosales. Nous allons faire le guet dans le couloir ; habillez-vous vite et venez.

Alors, la captive n’hésita plus.

Elle courut à ses libérateurs, et vivement :

— Je suis prête.

Ils eurent une exclamation satisfaite.

— En route alors, doña.

— Un mot… un seul… Comment avez-vous réussi ?

— Plus tard.

Déjà, Cigale avait saisi la Mestiza par la main. Fabian lui jeta un manteau sur les épaules, puis, refermant la porte avec soin :

— Je passe le premier… ; attention, seigneur Parisien !

Pour toute réponse, l’interpellé fit sonner le barillet d’un revolver et entraîna Dolorès dans les traces de son compagnon, qui s’était mis en marche.

Au bout d’un instant, tous trois débouchaient dans le patio ou cour intérieure.

— Il faut traverser cet espace, murmura Cigale à