rés, don Ramon conduisait son hôte au quartier des peones.
En approchant, ils virent les ouvriers, rassemblés à l’extérieur. Des torches éclairaient la cour, et les braves gens dansaient en buvant le mezcal.
Forster ne put réprimer un mouvement de mauvaise humeur.
Il avait compté surprendre les peones endormis. Leur veille intempestive allait gêner son opération.
Pourtant, il avançait toujours, quand des cris retentirent en arrière.
— Qu’est-ce ? fit-il en s’arrêtant.
Ramon avait fait halte en même temps que lui.
— Que signifie ce vacarme ?
La réponse ne se fit pas attendre.
Le chef de l’escorte arriva au pas de course et, d’une voix haletante :
— Excellence !
— Que se passe-t-il ?
— Nos chevaux…
— Eh bien ?
— Disparus.
— Disparus ?…
— Et les hommes que nous avions laissés à la garde de l’écurie, ficelés, bâillonnés.
Forster proféra un juron ; Ramon se signa.
— Que veut dire tout cela ? balbutia enfin le resinero, dont l’esprit lent concevait difficilement la corrélation des événements.
Le gouverneur le saisit par le bras et le secoua rudement.
— Cela veut dire que la Mestiza et ses compagnons ont fui, en volant nos chevaux.
— Oh ! señor gobernador, fuir, eux… quand la Madone, reine du ciel…
— La reine du ciel n’a rien à voir là dedans, et vous l’auriez compris depuis longtemps si vous n’étiez le dernier des imbéciles.
À cette brusque sortie, Ramon sentit ses jambes se dérober sous lui et il tomba assis avec une rudesse qui lui arracha un cri de douleur.
Quant à Forster, il avait déjà oublié sa présence.
— Vite, en route, vous autres ! Gagnons le poste télégraphique le plus proche et avisons nos détachements de l’incident. Ah ! de par le diable ! ces drôles