maître d’un mouvement d’humeur en voyant que l’impatience de Monsieur trouble ainsi sa pénétration habituelle.
Sullivan sourit au compliment.
— Depuis quatre jours que nos ennemis foulent le sol mexicain, reprit Bell encouragé, vous avez, sur mon conseil, écarté tout obstacle de leur route.
— Afin de les rassurer, oui.
— Leur impression est certainement qu’ils nous ont dépistés.
— Je l’espère.
— Dès lors, ils se préoccupent de parcourir le plus de chemin possible, regardant en arrière, ils ne prévoient pas le danger en avant d’eux.
— Eh ! théoriquement, tu as raison, animal… cependant…
— Par ma foi, monsieur Sullivan, vous êtes entêté… Je prends les choses au pire : admettez qu’ils arrivent à Mexico avec leur Gorgerin, qu’ils le présentent au Congrès sudiste qui se réunira dans une quinzaine.
— Je ne peux pas songer à cette éventualité.
— Pourquoi ? Elle n’est pas terrible. Vous produiriez la facture du bijoutier de Paris. Jeter le doute dans l’esprit des Sudistes suffit à assurer le succès.
Mais Sullivan secoua courageusement la tête :
— L’influence de cette coquine sur ses compatriotes est sans bornes. À sa voix, tous croiront. Ce qu’il faut réellement, c’est lui arracher le Gorgerin inca-atzec. Alors, seulement, nous serons assurés du succès.
Il s’interrompit brusquement.
— Écoute.
Le pas de plusieurs chevaux retentissait dans la cour.
D’un bond, Bell fut à la fenêtre et d’une voix assourdie :
— Ce sont eux.
Joë eut un geste de triomphe.
— Enfin ! Silence… et attendons que l’opium nous les livre.
En effet, Dolorès arrivait avec ses amis.
Marius et Vera, cette dernière cachée toujours sous le pseudonyme de Coëllo, conduisirent les chevaux à l’écurie. Après quoi, ils rejoignirent leurs compagnons