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LE PRINCE VIRGULE.

Alors elle chercha une issue.

Ses mains découvrirent bien des solutions de continuité dessinant le contour de portes, mais elle ne découvrit ni serrure, ni bouton d’aucune sorte.

— Quel sot wagon est-ce là ? fit-elle d’une voix grondeuse… Je vais appeler… Comment le prince, papa, m’ont-ils laissé enfermer ainsi ?

Un geste inquiet acheva sa pensée.

— À moi ! cria-t-elle. À moi !

Elle attendit un instant.

Rien ne répondit. Le fourgon continua de rouler pesamment.

— À moi ! reprit-elle plus haut, prise d’une sourde inquiétude.

Même silence.

Alors la peur l’envahit.

Peur d’un inconnu redoutable, caché par les ténèbres qui l’enveloppaient de leur suaire, caché par les planches de ce wagon qui, irrésistiblement, implacablement, l’emportait, impuissante à lutter, vers une destination ignorée.

Cris, promesses, menaces, prières, elle mêla tout, jeta tout aux échos muets de sa prison.

Sa voix elle-même, comme garrottée par l’étroitesse de l’espace où il lui était permis de se développer, sa voix l’effraya.

Les larmes jaillirent de ses yeux, et comme une enfant, ayant usé dans cette aventure tout son courage, toutes ses forces, elle pleura, gémissant doucement.

Parfois elle avait un brusque retour de fureur ; mais cela tombait aussitôt et de nouveau les sanglots reprenaient.

Tout à coup Laura se tut. Son cœur se prit à battre follement. À demi pâmée d’épouvante, elle se rejeta en arrière.

Un claquement sec s’était fait entendre, puis un glissement léger, et un rectangle lumineux se découpa dans l’une des parois.

La porte, devinée par la prisonnière, s’ouvrait enfin, et sur le seuil, bizarrement éclairé par la lueur vacillante d’une tresse de cire, analogue aux rats de cave de France, un Indien se tenait immobile.

Elle le reconnut.

— Le chef kri !

Il affirma de la tête.

— Vous allez enfin, me délivrer.

— Non, Perle du Dominion.