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LE PRINCE VIRGULE.

aux United States une fortune canadienne qu’une petite intrigante prétendait conserver.

Dodekhan eut un geste de rage que cacha la nuit. L’immixtion de la police dans l’affaire était une catastrophe imprévue.

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À vingt kilomètres de la résidence de Swift-Current, sur les bords de la rivière Terre-Blanche, l’un des nombreux cours d’eau descendant vers le Sud pour aller gonfler le Missouri, s’élèvent brusquement une série de collines aux pentes abruptes, aux silhouettes déchiquetées.

Tout autour, c’est une plaine basse, terrain d’alluvion puissamment fertile ; La protubérance rocheuse se dresse isolée, tel le mont Saint-Michel au milieu des sables de sa baie.

Mais comme en Amérique tout est grandiose, on taillerait six cents monts Saint-Michel dans la masse de granit.

À l’intérieur, ce bloc rocheux est plus curieux encore.

La nature a pris soin de l’évider en cavernes, analogues aux causses du Tarn, mais d’un accès incomparablement plus facile.

Mica, sel gemme et cristal de roche confondent là leurs cristallisations ; des sels de fer, de cuivre, d’alumine, apportés sans doute, à une époque lointaine, par des eaux torrentueuses parcourant ces souterrains, teignent ces cristaux des teintes les plus diverses.

Le voyageur, qui s’engage dans le dédale, voit, lorsqu’il enflamme sa torche, les murailles se consteller de gemmes précieuses. Il croit errer au milieu de topazes, de rubis, d’améthystes, de grenats, d’émeraudes, de saphirs, parmi lesquels certains polyèdres non teintés scintillent comme de purs diamants.

C’est une lumière aveuglante. Les colonnettes des stalactites, les jeux d’orgue des stalagmites, tout brille, étincelle, flamboie ; c’est le décor de la féerie qui berça nos jeunes années ; c’est Aladin dans les caves des trésors, c’est le palais de pierreries, où les princes Charmants vont délivrer les Belles aux Cheveux d’Or.

Sur le sable pâle, fin, compact, qui tapisse le sol, les pieds glissent sans bruit. Les visiteurs semblent des ombres errant dans un foyer de clartés.

Or, les principales entrées des cavernes se trouvent en bordure de la rivière Terre-Blanche.

Jadis, prétend la tradition, les Bois-Brûlés, chasseurs de l’Ouest, toujours en guerre avec les Indiens, en avaient fait un lieu de refuge. Ils avaient étudié les galeries, les grottes, les nefs ; le plan avait été dressé et, quand leurs ennemis rouges serraient les trappeurs de trop près, ceux-ci gagnaient