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MILLIONNAIRE MALGRÉ LUI.

Ah ! que n’ai-je la plume d’Homère, pour retracer l’effrayant aspect de ce guerrier, préposé à l’habillement de la police à cheval.

Il avait l’air d’un chat en furie, d’un alligator hors de lui… Plus encore, il avait l’air d’un homme gradé, galonné, qu’un de ses subordonnés injurie.

— Mais, mon ami, essaya de dire Arabella…

D’une voix de tempête, dont les vitres grelottèrent aux fenêtres, il trancha la phrase :
Le lieutenant crispait ses poings menaçants.
— Assez !

Et se croisant les bras :

— Je comprends pourquoi l’on a éloigné mon vieux Manny, pourquoi on l’a poussé à boire à ce bar maudit, où je l’ai retrouvé à l’instant ivre-mort… Je l’ai fait porter à la salle de police…

Sa main vengeresse désigna les faux policemen.

— Vous allez l’y rejoindre. Demain, Manny en état de s’expliquer, je vous déférerai au conseil de guerre.

Prince, Dodekhan, Laura ouvraient la bouche pour se disculper.

Mistress Soda leur coula à l’oreille :

— Ne dites rien, il vous livrerait… J’ai les clefs de la salle de police… Comptez sur moi.

Et comme le lieutenant revenait vers elle, avec une attitude à la fois très digne et très courroucée, commençant une adjuration à la façon d’Agamemnon :

— Madame…

Elle lui tourna le dos, sans façon, et d’un ton dédaigneux :

— Je ne m’abaisserai pas à me défendre contre une folie… Seulement, Josué, je ne vous pardonnerai jamais de vous être présenté dans le parloir de votre femme en état d’ébriété.