Page:Ivoi - Millionnaire malgré lui.djvu/351

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
334
MILLIONNAIRE MALGRÉ LUI.

— Ne pensez pas cela ! se récria Prince.

— Il le faut bien pourtant. Le lieutenant paraissait fort irrité, et il a bien pu lui interdire de sortir.

— Mais alors nous serions perdus ?

— Vous ne craignez pas le conseil de guerre, j’imagine.

— Certes non ; mais notre identité sera reconnue.

— Cela est certain.

— Et alors, nous retombons aux mains d’Orsato Cavaragio… C’est le mariage indigne qui se dresse devant vous, Laura, devant moi…

— Que vous importe le mariage ?

— Comment ? Que m’importe ?

— Ne vous ai-je pas juré de n’être la femme d’aucun autre que vous ?

Non, Laura ne l’avait pas encore promis à Albert. Mais la volonté de n’avoir pas d’autre époux était si bien en elle, elle s’était fait tant de serments à ce sujet, qu’à cette heure troublée, elle croyait lui avoir donné l’assurance de son inaltérable tendresse.

— Mon revolver qui me fait libre, ajouta-t-elle avec un peu d’exaltation ; mon revolver ne me quitte pas !

Pour toute réponse, il saisit les mains de la jeune fille et les serra, fiévreusement.

Ah ! qu’il se sentait coupable envers elle.

Et comment supportait-il son regard, lui qui lui mentait sur sa qualité ?

Le remords fut si poignant qu’il lâcha brusquement les mains de la charmante enfant et qu’il se voila la face.

— Qu’avez-vous donc ? demanda-t-elle avec surprise.

Il ne répondit que par un vague murmure.

Mais les cœurs aimants devinent le sens des paroles indistinctes et elle perçut :

— Je ne suis pas digne de vous !