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MILLIONNAIRE MALGRÉ LUI.

Mais tout au fond de lui-même, une voix lui criait :

— Tu n’as pas la berlue, on ne prend pas un brouillard pour trois policemen. Tu as bien vu.

Bref, il passa un veston et descendit.

Le poste était tout entier dehors.

Les fermiers, ayant chargé leurs paniers, montaient sur le siège pour continuer leur chemin vers les halles.

Arabella salua leur départ d’un sourire satisfait.

— Hoffstall ! appelait au même instant le lieutenant.

Le sergent, chef de poste, debout à la droite de la petite troupe qui s’était alignée et avait présenté les armes à l’approche de l’officier, le sergent répondit respectueusement :

— À vos ordres, lieutenant.

— Hoffstall, tu vas me répondre en toute franchise.

— En toute franchise, lieutenant.

— Bien. Hier soir, à la nuit, j’ai appelé à la garde ?

— Vous avez appelé, lieutenant ; même à ce propos, j’ai dit : « Mâtin, il en a un Coffre, le lieutenant ! »

— Tu es monté avec tes hommes ?

— Comme vous le dites, lieutenant.

— Là-haut, je vous ai ordonné d’arrêter trois hommes et de les conduire à la salle de police.

— C’est bien l’ordre, lieutenant.

— Eh bien ! l’as-tu exécuté ?

À cette question, Hoffstall allait répondre :

— Oui.

Quand Arabella, se mêlant à la conversation, prononça ces paroles étranges :

— Sergent, vous ne serez pas puni. Vous pouvez donc dire tout sincèrement qu’il n’y avait personne à arrêter, et que vous avez fait semblant d’opérer l’arrestation pour ne pas mécontenter votre officier.

— Ah !… ah !…

Ces deux monosyllabes furent tout ce que la gorge contractée de Hoffstall put laisser passer.

Sa situation lui paraissait très embarrassante.

Le lieutenant voulait qu’il affirmât avoir arrêté trois personnes.

Et l’épouse de Josué lui enjoignait de déclarer qu’il n’avait rien arrêté du tout.