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MILLIONNAIRE MALGRÉ LUI.

sont mordus à l’esprit par le doute. Si les appareils fonctionnaient mal, s’ils n’amenaient les fugitifs qu’à une expérience avortée et ridicule.

Ils seraient perdus. La mort seule leur ouvrirait un chemin, leur permettant d’échapper aux mains d’Orsato Cavaragio.

Mais ils frissonnent.

La voix de Dodekhan vient de passer, légère comme un souffle :

— Attention ! à vous l’homme de droite. Je me charge de l’autre.

Pendant quelques secondes, on ne respire plus à bord du radeau. Le Turkmène et le pseudo-prince sont presque couchés sur les solénoïdes. Ils visent avec toute leur âme, car ils songent à ce moment même, chacun de son côté :

— La dette léguée par mon père, la promesse faite à la « Française », dépendent de la minute qui va s’écouler !

— Le salut de Laura, de cette enfant à laquelle j’appartiens tout entier, est attaché à ce petit lingot de fer, enclos dans une spirale !

Mais un sursaut les secoue tous.

Deux sifflements légers ont passé dans l’air.

Une fraction de seconde s’écoule. Haletants, tous sont dressés, les yeux fixés sur les factionnaires de leurs ennemis.

Et soudain tous deux s’affaissent sur eux-mêmes, roulent sur le sol.

Laura, Prince, Kozets ont peine à retenir un cri de triomphe ; mais les événements se précipitent :

Les carabines des factionnaires ont sonné en tombant sur le roc.

Deux ou trois des dormeurs se soulèvent au bruit. Ils regardent autour d’eux ; ils vont s’apercevoir que leurs camarades ne veillent plus sur le campement, qu’ils se sont enfoncés dans le grand sommeil du trépas.

Mais les tireurs glissent des fragments de fer entre les spires. Kozets vise de son côté, désireux de montrer aussi son adresse.

Des sifflements s’entre croisent dans l’air. On dirait qu’une volée d’oiselets s’ébat sur le rivage.

Cela dure quelques instants encore. Puis Dodekhan pousse le radeau sur la grève.

Il saute à terre, en ordonnant du geste que personne ne le suive.

Courbé en deux, glissant sur le sol avec la légèreté d’une ombre, il parvient auprès du feu.

L’un après l’autre, il examine les corps étendus… Les armes électriques avaient accompli, leur œuvre.

— Venez, appela-t-il.