Page:Ivoi - Millionnaire malgré lui.djvu/439

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
420
MILLIONNAIRE MALGRÉ LUI.

À vingt pas de là, une forme féminine se tenait adossée à un réverbère.

Mona la vit et fit un geste.

L’inconnue quitta aussitôt son poste, et d’une allure rapide s’éloigna.

Macelle Lisbe n’avait rien vu.

De son pas lourd, se dandinant sur les hanches ainsi qu’un canard, elle déambulait à côté de son élève.

À haute voix, elle exprimait sur les piétons, sur les équipages qu’elle croisait des observations d’une finesse germanique, agrémentées de ces barbarismes dont elle savait si bien émailler son étrange français.

La jeune fille l’approuvait du geste, de sourires discrets, et Lisbe, peu accoutumée à pareil succès, redoublait de verbiage.

Ce lui fut une surprise quand Mona, indiquant une petite maison, d’apparence modeste, déclara :

— Nous sommes arrivées.

— Déjà ?

— Vous le voyez.

Sur la porte de bois, recouverte d’une teinte vert sombre, se détachait une plaque émaillée multicolore, sur laquelle on lisait :

Ignavus, pope et prêcheur.
Toute heure doit être consacrée à l’orthodoxie.

Au-dessous, un marteau de bronze indiquait de quelle façon on pouvait provoquer l’ouverture de l’huis.

Devançant son institutrice, Mona souleva le heurtoir et le laissa retomber par deux fois.

Une minute se passa.