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MILLIONNAIRE MALGRÉ LUI.

Quel père eût résisté à de telles paroles ?

Le général Labianov embrassa tendrement sa fille, pardonna à la servante Jorda, et les deux femmes, installées tant bien que mal dans le campement qui avait remplacé le pénitencier ruiné, le digne gouverneur s’absorba dans les soins multiples de la préparation du combat suprême.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

— Rendez-vous !

— Sans conditions ?

— Rendez-vous. Ne nous obligez pas à vous massacrer. Toute résistance est inutile, vous êtes cernés.

Ces ordres sont clamés pour un officier japonais, dont les soldats entourent la cabane de bois, où se sont réfugiés le général Labianov, Mona, Jorda, le lieutenant Vas’li et une douzaine de combattants russes.

C’est le lendemain de l’arrivée de Mona.

Dès le matin, l’artillerie nippone a fait pleuvoir une grêle d’obus sur les soldats du czar.

Puis l’infanterie du mikado est entrée en action.

Un à un, les points occupés par les Russes ont été enlevés, et les divers détachements, refoulés de façon constante, ont convergé vers le ravin d’Aousa.

Ils ont résisté avec le courage du désespoir, semant le sol de cadavres, fondant sous le feu d’un ennemi dix fois supérieur en nombre.

Et maintenant, il ne reste debout que les quatorze hommes, qui se sont groupés autour du drapeau et de cette petite Mona, venue là avec l’espoir de sauver son père.

La fusillade s’est tue de chaque côté.

L’officier japonais s’est approché encore, sans souci du danger. Il est près de la porte de la chaumière.

Sans doute, de l’intérieur, on a pu suivre ses mouvements, car la porte s’ouvre ; le visage du général Stanislas Labianov apparaît dans l’entrebâillement.

— Monsieur, dit-il, accordez-nous un quart d’heure d’armistice.

— Un quart d’heure ?

— C’est, peu ; mais nous ne pouvons nous échapper, n’est-ce pas ?

— Certainement non.

— Si je demande cette courte trêve, c’est pour tenir conseil avec ceux des miens qui vivent encore.

Le Japonais salue militairement.

— J’attendrai un quart d’heure.