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L’HÉRITAGE DE LA « FRANÇAISE ».

la présence de la jeune fille, et que celle-ci assista à cette étrange conversation.

— Mais enfin, monsieur Kozets, ce n’est pas possible…

— Ah ; monsieur le gouverneur, je dis comme vous : cela n’est pas possible, et pourtant cela est.

— Il est certain que le silo est vide.

Mona se frotta les mains… Ces mots lui avaient révélé la situation.

— Douze s’est évadé comme il l’avait parié, murmura-t-elle.

Mais elle interrompit son monologue, pour entendre ce que disaient son père et le policier.

— C’est incompréhensible !

— Inexplicable, monsieur le gouverneur. Que ce diable incarné ait réussi à sortir du silo, à déplacer le couvercle de bois que trois hommes ont peine à remuer, c’est déjà très fort…

— Sûrement.

— Mais où cela devient de la magie, c’est que tout le poste se soit endormi, c’est que les factionnaires aient été rapportés au corps de garde et installés sur le lit de camp…

Le policier eut un geste violent.

— Le comble enfin, c’est moi, moi qui m’endors comme les autres, et me retrouve tout à l’heure bien bordé dans mon lit.

Le général se grattait la tête d’un air absolument perplexe.

— Avec cela, ce Douze, il entre au gouvernement comme dans un moulin… Il vous porte dans votre chambre, il entre dans la mienne.

— Dans la chambre de papa, fit tout bas Mona intéressée au possible, vraiment, ça, ça n’est pas ordinaire.

— A-t-il pénétré chez vous ? grommela Kozets d’un ton de doute.

— Ma foi, à moins de supposer que ce billet soit venu tout seul se poser sur ma table de nuit.

Et Labianov élevait à hauteur du nez de son interlocuteur un papier qu’il tenait entre le pouce et l’index.

Puis rageur :

— Ah ! il sait se moquer du monde, ce gaillard-là… Sur ma table de nuit… Ceci.

Il lut sans regarder le papier, comme un homme dont la mémoire a été fortement impressionnée par une lecture antérieure :

« Excellence, j’ai gagné la première manche ; je suis libre. Dans six mois, je viendrai vous délivrer… seconde manche. Je vous rappelle que