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L’HÉRITAGE DE LA « FRANÇAISE ».

— Allons, un petit effort, mes colombes !

Car il est à remarquer que le Russe, conduit-il des chevaux, des rennes ou des chiens, les appelle toujours : mes colombes. L’âme moscovite a ses mystères. Peut-être croient-ils flatter des quadrupèdes en leur appliquant un nom de volatiles.

Dans la trace légère que laissent sur la glace les patins du traîneau, deux autres véhicules de même genre suivent.

Ils contiennent douze cosaques, escorte de la voyageuse, et aussi M. Kozets, lequel, fidèle à sa résolution, se rend sur la terre ferme, afin de préparer la capture du 12 évadé.

Le policier est maussade.

Il avait pensé prendre place auprès de Mona et de Lisbe, mais la capricieuse fillette a trompé son attente.

Ses adieux faits à son père, elle a sauté brusquement auprès de Macelle Lisbe et elle a crié à Vas’li :

— Au galop, Vas’li… il ne faut pas que mon père me voie pleurer.

Et le lieutenant obéissant a enveloppé l’attelage d’un grand zigzag de sa gaule. Les chiens sont partis d’un trait, laissant le policier déconfit, l’obligeant à s’installer au milieu des cosaques.

On a gagné le fond du vallon d’Aousa, contourné les baraquements, laissé en arrière l’hôpital, descendu la pente douce de la grève.

À présent, les véhicules glissent à toute vitesse sur la route glacée qui recouvre les abîmes liquides du détroit.

Personne ne parle. La rapidité de la course est telle que le vent siffle aux oreilles des voyageurs. Ils ramènent les fourrures sur leur visage qui, sans cette précaution, se congèlerait.

Les chiens tirent vaillamment.

D’heure en heure on fait halte, une ou deux minutes.

Les conducteurs distribuent aux animaux des galettes pulvérisées, ré-