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L’HÉRITAGE DE LA « FRANÇAISE ».

minute, se munir de billets, conduire les bagages à la gare, louer la literie indispensable à quiconque voyage sur l’immense voie sibérienne.

La jeune fille elle-même profita de cette dernière journée pour parcourir une fois encore la ville de Vladivostok.

Elle admira les maisons de pierre des fonctionnaires, la place d’armes, les entrées des tranchées souterraines accédant aux poudrières ; les quais près desquels se balançaient quelques navires de guerre, tristes débris des flottes de Makharoff et de Rojdestvenski, anéanties par le grand amiral nippon Togo. Elle s’amusa un instant des opérations de déchargement d’un navire anglais bondé de marchandises de contrebande.
Elle demeura là un moment, la tête penchée.

Sur la rade, des bateaux évoluaient lentement, semant les eaux de torpilles.

Autour de la cité, sur les hauteurs qui la commandent, une nuée de travailleurs achevaient de disposer les défenses, batteries, forts mobiles, retranchements.

Partout on sentait l’activité fiévreuse d’une cité en passe d’être assiégée.

Et la fillette, avec son esprit militaire très caractérisé, s’intéressait à tout cela. Elle allait, cambrant la taille, faisant sonner le sol sous ses talons, les yeux brillants, les narines frémissantes.