— Bref, Dodekhan donna sa parole qu’il révélerait à son ennemi tous les secrets de l’association ; mais comme il se défiait…
— Avec raison.
— Il mit comme condition que les deux jeunes femmes seraient renvoyées en. Europe. Le duc de la Roche-Sonnaille, sans doute pour faciliter la transaction, s’offrit à demeurer captif avec lui.
— C’est très chevaleresque.
— Attendez, Monsieur. Dodekhan avait empêché le massacre des Français au Tonkin, massacre préparé par Log, et le duc lui avait voué une reconnaissance absolue. Il s’était dit : Dodekhan sacrifie son honneur au salut de Mona et de ma chère Sara. C’est à moi qu’il appartient de sauver l’honneur de ce galant homme et de cet ami fidèle.
— Naturellement la duchesse ne se doutait pas de cela ?
— Non. Elle et sa compagne gagnèrent Calcutta, s’embarquèrent sur l’Oxus…
— Des Messageries Maritimes ?
— Oui, et arrivèrent à Marseille. Il avait été convenu qu’elles se rendraient au bastidou Loursinade, où demeurait un docteur Rodel, naguère lié avec le jeune homme. Celui-ci câblerait aussitôt, à Calcutta, que les voyageuses se trouvaient désormais en sûreté sur le territoire français.
— Sans doute, interrompit Max, ce coquin de Log savait la mort, de Rodel ; des agents à lui prirent la place du défunt.
— C’est ce que supposait Mme de la Roche-Sonnaille. Seulement, laissez-moi vous dire comment Mlle Mona est devenue folle.
— Ah ! vous le savez ?
— Oui. Le faux docteur Rodel supplia les voyageuses de considérer sa maison comme leur appartenant. Comme cela, elles pourraient sans retard recevoir la réponse au câblogramme qu’il avait été porter à Marseille. Elles acceptèrent. Dans la soirée, la réponse arriva. Elle invitait les infortunées à se trouver le lendemain matin, à dix heures, dans la bibliothèque de la maison, afin d’assister à l’entretien de Dodekhan avec Log et à la mise en liberté du duc Lucien.
— Ah çà ! que me contez-vous là. Je croyais qu’ils étaient restés dans l’Inde.
— Vous croyez bien.
— En ce cas, comment les voir à Marseille ?
— Cela a fait rire aux larmes les policiers, vous pensez bien ; et pourtant, moi, je le crois.