— Oui, vous savez que l’Inde est la ferre classique de l’opium ; vous concluez ?
— Mais quel est le but ?
— De cette aventure opiacée ? Vous enlever avec vos amis, durant votre sommeil ; vous amener ici, traiter avec vous une petite affaire fort intéressante.
La jeune fille haussa les épaules.
— Je crois comprendre, vous êtes un bandit.
L’Hindou se redressa avec orgueil.
— Les Anglais disent cela ; mais les Hindous me considèrent comme un chef.
— Un chef qui désire une rançon probablement.
— C’est cela même ; seulement, et ceci je tiens à vous l’apprendre, Miss. Cette rançon, je n’en conserverai pas une parcelle. Tout sera versé dans les caisses d’une œuvre géante dont je ne suis qu’un serviteur.
— Aoh ! grommela sir John, voilà des distinctions qui séduisent peut-être celui qui reçoit, mais qui demeurent, indifférentes à celui qui paie.
— Cela est mon avis, appuya Violet.
Et plantant son regard dans celui de l’indigène :
— Finissons-en ; quelle somme ?
— Deux cent mille livres (cinq millions de francs).
— C’est cher !
— C’est proportionné à votre fortune, Miss.
— Peut-être, je ne discute pas. Comment vous plaît-il d’être payé ?
L’Hindou s’inclina respectueusement.
— Ah ! Miss, laissez-moi me féliciter de mon opération. C’est plaisir de causer avec vous.
— Comment ? répéta la jeune fille d’un ton sec.
— Voici. Deux des personnes de votre suite se promènent dans le pays. Elles doivent à présent vous chercher dans Calcutta.
L’Anglaise inclina la tête.
— Veuillez leur écrire ce qui vous arrive ; joindre à votre lettre, un chèque qu’elles encaisseront pour vous… Cinq millions, cela n’est pas pour surprendre avec la signature : Violet Mousqueterr.
— Et elles vous remettront la somme ?
— Justement, Miss.
— Je devrai sans doute leur recommander de ne pas mêler la police à tout ceci ?