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UN ENFER SCIENTIFIQUE.

mit ses côtes et ses épaules en contact plutôt désagréable avec le sol raboteux.

Il était en sûreté, au prix de quelques écorchures et contusions. Il put, grâce à elles, renoncer à toute expression de reconnaissance, et se borner à, récriminer contre le traitement brutal et vexatoire, indigne de gens civilisés, qui l’avait fait tirer le long d’une muraille ainsi qu’un sac de plâtre.

Au surplus, ses discours, auxquels il mêlait les shérifs, constables, lord-maire et Banc du Roi, personnes et cérémonie d’une actualité douteuse sur les Hauts Plateaux asiates, ses discours n’émurent personne.

Un nouvel objet avait accaparé l’attention de tous. Une lettre sans adresse laissée bien en vue sur le sol par le mystérieux protecteur de la petite troupe, une lettre, ramassée par Sara et qu’elle lut à haute voix :

« Suivre la galerie. Faire attention. La descente est rapide par endroits. »

— Une véritable affiche du Touring-Club, remarqua le romancier. Attention, descente dangereuse. Comme je possède encore quelques allumettes, ce que notre aimable guide ignore sans doute, je les brûlerai sans compter, notre marche en deviendra plus sûre et plus rapide.

La galerie s’enfonçait dans la montagne, d’abord en ligne droite ; puis, au bout d’une cinquantaine de mètres, elle tournait brusquement, affectant de suivre une direction parallèle à la face extérieure de la falaise.

Et la déclivité se marquait aussitôt, devenant bientôt si rapide que, nonobstant toutes les précautions, des chutes et des glissades fréquentes ralentirent la marche des voyageurs.

Durant plus de trois heures, ils allèrent ainsi, suivant cette faille souterraine aux accidents incessants.

Tous se sentaient brisés de fatigue, mais l’espoir du salut soutenait leur courage.

Seul, sir John Lobster se lamentait sans trêve. Le gros gentleman, plus maladroit sans doute que ses compagnons, multipliait les chutes, dont chacune amenait de douloureux contacts entre sa personne et le rocher.

À dix reprises, il jura qu’il renonçait à l’excursion, qu’il ne ferait pas un pas de plus. Mais la crainte de demeurer seul dans les ténèbres le forçait bientôt à se remettre sur ses pieds, à rejoindre ses compagnons.

Eux ne s’inquiétaient plus de lui.

Une dernière rampe difficile, raboteuse, les amena à la lumière.

Tous eurent une exclamation. Ils avaient atteint le fond du ravin qu’ils jugeaient naguère infranchissable. Devant eux, contournant les rocs amoncelés, une sente étroite, couverte de neige, se montrait, et sur la sur-