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Page:Ivoi - Miss Mousqueterr.djvu/341

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MISS MOUSQUETERR.

face blanche, apparaissaient de nouveau les traces légères de la panthère.

Ils ne perdirent pas de temps à se demander où la piste les conduirait.

Harassés, l’estomac tenaillé par la faim, ils avaient hâte d’arriver au but, quel qu’il dût être. Et Max, regardant ses compagnons, répéta une fois encore :

— Allons.

Tous s’élancèrent derrière lui sans un mot. À quoi bon des paroles, le mouvement était la plus éloquente des réponses.

Étroit, encombré de cailloux aux arêtes aiguës, le chemin serpentait au milieu des blocs éboulés. Parfois, les parois de la montagne se resserraient, à ce point, que la petite troupe se demandait si elle était engagée dans un couloir sans issue ; puis, brusquement, la gorge s’élargissait en cirques dominés par des falaises abruptes, et dont le sol glacé se hérissait de blocs, détachés des flancs de la montagne et se dressant sinistres, donnant au paysage l’apparence lugubre d’un cimetière de géants.

La marche devenait de plus en plus pénible. Miss Violet, en dépit de son éducation sportive, se sentait elle-même à bout de forces. Sara et Mona avançaient lentement, appuyées l’une à l’autre. Et John Lobster, pâli par la lassitude, accompagnait chaque pas d’un gémissement.

Quel que fût son désir d’atteindre le refuge auquel aboutissait certainement la piste de la panthère, Max Soleil se rendait compte que l’instant approchait où il faudrait s’arrêter.

Déjà l’effort accompli dépassait les forces humaines. Les voyageuses se déplaçaient à présent par mouvements mécaniques, presque inconscients.

D’un instant à l’autre, leurs membres refuseraient le service. Elles tomberaient là, au fond de ce ravin désolé. Le lourd sommeil des Hauts Plateaux aux éternels frimas, fermerait leurs yeux.

Une fois encore, Max se ressaisit. Il trouva la force d’encourager, de sourire, de promettre le gîte tout proche. Bref, il décida ses compagnes à le suivre.

Mais ce dernier élan dura peu. Les jeunes femmes n’avançaient qu’avec peine ; leurs pieds, meurtris par l’étape surhumaine, ne les portaient qu’au prix de souffrances de plus en plus insupportables.

Soudain, miss Violet eut un léger cri et tomba sur les genoux.

Elle avait heurté un caillou dissimulé par la neige, et trop faible désormais pour résister à un choc même léger, ses jambes avaient plié sous elle.

D’un bond, le romancier fut auprès d’elle. Il la releva, la soutint dans ses bras.