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Page:Ivoi - Miss Mousqueterr.djvu/397

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MISS MOUSQUETERR.

méconnaissable dans ses fourrures, ayant hâte de se trouver seule en face de son père.

Cependant, Labianov dépliait la missive. Lord Aberleen et lui la parcouraient d’un œil anxieux. Ils lisaient :

« Sir John Lobster est un niais qui, sans le savoir, est l’agent des bandits que vous voulez châtier. Ses avis vous conduiraient à un désastre. Ayez l’air de le croire. Renvoyez-le du camp en gardant ses compagnons comme otages. Aussitôt votre Mona sera dans vos bras. Elle vous dira comment elle a échappé à ses terribles ennemis ; comment ils pourront être vaincus. »

Sir John, de plus en plus courroucé de l’inattention inexplicable des commandants en chef de la colonne anglo-russe, les vit s’interroger du regard. Aberleen exprima un doute, auquel Labianov riposta par un geste d’affirmation vigoureuse.

Puis, le lord haussa les épaules ainsi qu’un homme qui se résigne et sembla dire à son collègue :

— Faites ainsi que vous le jugerez convenable.

Certainement, Labianov attendait cet acquiescement, car il se redressa, dirigea son regard sur l’ambassadeur de San, et doucement :

— Parlez donc, Monsieur John Lobster. Nous sommes tout à votre récit.

Enfin, la distraction de ces militaires prenait fin. Le gentleman se rengorgea.

— Je vais donc parler dans la clarté la plus grande.

Puis, s’avançant d’un pas, arrondissant les périodes, risquant même quelques gestes oratoires, il exposa que faisant du yaking (équitation sur yaks) dans l’Asie centrale, pour son propre contentement, il avait donné, deux jours avant le présent, dans une armée chinoise, nombreuse il le pouvait certifier. De quel nombre, cela n’était pas dans sa possibilité de le préciser, vu qu’il n’avait pas eu le temps assez pour en faire le compte exact.

Le bouton de corail, commandant cette force militaire, apprenant qu’il se dirigeait vers le lac Balkhach, pour rentrer en Europe et rejoindre son siège à la Chambres des Communes, avait aussitôt pensé que sa route croiserait celle de l’armée anglo-russe, et l’avait prié, de la plus honorable manière, de vouloir bien être son messager auprès des chefs de ladite colonne.

Après quoi, vinrent les instructions versées par San dans l’esprit égoïste du gentleman. Les Chinois poursuivaient le même but que les Européens ; saisir et exterminer les bandits du Drapeau Bleu.