se passer ainsi. Ni Max, ni Sara, n’eussent résisté, en face de Mona et de Violet menacées par les panthères noires.
Il n’y avait rien à reprendre à la combinaison.
Cependant, le moment de se sustenter était venu.
Les panthères furent placées en sentinelles à quelque distance, et certains de n’être pas surpris par l’arrivée de l’ennemi attendu, les enfants relâchèrent les liens des captifs supposés, afin de leur permettre de manger plus commodément. Le repas, du reste, s’acheva sans encombre ; les liens resserrés, chacun, succombant à la fatigue du jour, s’endormit profondément, en dépit des préoccupations dont les esprits étaient assiégés.
Aucune alerte ne troubla leur sommeil. L’aube vint, jetant une clarté brumeuse sur les plateaux. L’onde tiède de la source servit aux ablutions matinales. Après quoi, le feu ravivé lécha les parois du récipient de métal dans lequel, sur ces cimes, les voyageurs font bouillir l’infusion de thé.
Il y avait quelque surprise dans cette tranquillité retrouvée au réveil. L’absence de San ne s’expliquait point. Sara même, exprima la pensée de ses amis, en déclarant que si elle avait prévu cela, elle n’aurait point reposé avec une main derrière le dos, position anormale dont une vague courbature la punissait à cette heure.
Nonobstant ces récriminations, en somme fort justifiées, chacun absorba sa ration de thé bouillant, puis la petite caravane se disposa au départ.
Cette fois, Joyeux réunit les Européens par une corde, qui rattachait ensemble celles dont ils se trouvaient ornés déjà. Ceci fait, il se porta à l’arrière de la chaîne de « prisonniers », tenant à la main l’extrémité du lien de chanvre. Miss Sourire prit la tête de la colonne. Les panthères gambadèrent sur les flancs.
De nouveau, Max et ses compagnes admirèrent l’ingéniosité de leurs guides. La mise en scène du pseudo-convoi de captifs apparaissait supérieurement réglée. Le gamin, modeste dans le triomphe, allait donner le signal du départ, quand Fred et Zizi s’aplatirent soudain sur le sol.
— Qu’est-ce donc ? s’écrièrent Mona et la duchesse.
Un sourd grondement des félins fit frissonner les voyageurs, et miss Sourire qui regardait en avant se retourna pour chuchoter :
— Attention ! des guerriers, des yaks. C’est le maître San !
San ! Tous l’attendaient depuis la veille. Cependant, l’annonce de sa venue
fit passer un frisson sur leur chair. L’ennemi implacable accourait. La dernière partie allait s’engager. La vie de tous était l’enjeu.