Aller au contenu

Page:Ivoi Les cinq sous de Lavarède 1894.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
17
À CACHE-CACHE.

torise à me faire sa cour, et que nous nous marierons dans cinq semaines, à ton retour.

— C’est entendu.

Miss Aurett et son père n’avaient pas perdu un mot de cette conversation, tenue, du reste, à voix haute.


Monsieur Lavarède !

Un coup de sifflet, un signal. Le train s’ébranle. Bouvreuil, toujours penché à la portière, fait un geste d’adieu. Et voilà tout notre monde parti pour Bordeaux-Pauillac : Lavarède dans sa caisse ; Murlyton, Aurett et Bouvreuil dans leur compartiment.

On sait la discrétion des Anglais, qui ne parlent jamais les premiers aux gens qu’ils ne connaissent point. Ce fut donc Bouvreuil qui commença.

— Je vous demande pardon, fit-il à ses voisins, mais tout à l’heure vous avez paru connaître ce M. Lavarède, dont ma fille me parlait.

— Nous le connaissons en effet, dit sir Murlyton. Mais à qui ai-je l’honneur ?…

— Bouvreuil, propriétaire, financier, président du syndicat des porteurs d’actions du Panama, répondit-il en présentant sa carte.

— Parfaitement, honorable gentleman. Moi je suis sir Murlyton, et voici ma fille Aurett.

— Ah bah !… Est-ce que c’est vous l’Anglais désigné dans l’article des Échos sous le nom de Mirliton Esquire.

— Je ne connais pas cet article.

— Tenez, lisez-le.

Après un rapide examen, l’Anglais reprit :

— Oui, ce doit être moi. Et vous, c’est l’oiseau de l’espèce « vautour ? »

— Juste… Ah ! le gredin !…

— Vous n’êtes pas de ses amis, à ce que je vois…

— Oh ! non.

Miss Aurett interrompit avec son gentil sourire :