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XVI

DES SANDWICH À LA CÔTE CHINOISE

Guidé par un pilote, le Heavenway embouqua la passe dangereuse tracée au milieu des récifs et jeta bientôt l’ancre dans le port d’Honolulu.

La ville s’étage en demi-cercle autour de la rade. C’est un spectacle ravissant pour les yeux fatigués de l’invariable horizon de la haute mer.

Les maisons apparaissent au milieu de massifs de cocotiers, d’aleuristes, de kalapepe, donnant l’impression moins d’une cité que d’une agglomération de villas de plaisance.

Le steamer ne devant reprendre le large que le lendemain, sir Murlyton et sa fille résolurent de passer la journée à terre. Une longue promenade leur ferait du bien. Ils pouvaient d’ailleurs se livrer sans danger au plaisir de la marche dans ce pays fortuné où les reptiles sont inconnus. Les batraciens eux-mêmes n’existent pas aux Sandwich ; et tout le monde s’y souvient de ce missionnaire allemand que les indigènes déclarèrent « fou », parce qu’il avait fait une allusion à l’ancien usage féodal de faire battre l’eau des fossés des Castels pour imposer silence à la gent coassante.

Donc, les Anglais, après avoir parcouru quelques rues de la ville, gagnèrent la rivière Kanaha dont l’embouchure est voisine et remontant son cours, s’engagèrent dans la vallée de Nouhouhanou. Ils allaient d’un bon pas, admirant les champs cultivés, limités par des rangés de pandanus, d’arbres à pain, de cassis, de sida. L’air tiède incessamment rafraîchi par les brises de mer était chargé de parfums aromatiques.