Lavarède causait précisément avec cet officier.
— C’est mon fou, fit-il à voix basse.
— Comment ?… Il est venu jusqu’ici ?…
Mais Bouvreuil s’étant approché du second, sans voir encore Lavarède, s’écria aussitôt :
— Monsieur, je suis Bouvreuil !
L’autre lui rit au nez.
— Connu, mon pauvre homme. M. Bouvreuil est à bord depuis Bordeaux.
— Dans la cabine no 10, sans doute ?
— Naturellement, puisque c’est la sienne.
— Ah ! c’est trop fort… Mais la cabine est à moi, mais je suis Bouvreuil de Paris, moi !
— Alors, dit le second d’un air goguenard, lui, notre passager, qui est-il ?
— Est-ce que je sais !…
— Lavarède, peut-être ?
Bouvreuil bondit ; il avait vraiment l’aspect d’un fou.
— Lavarède ! cria-t-il, le brigand… C’est lui. Ah ! je le retrouve… Au voleur !
Il fallut le calmer. Deux marins le tinrent solidement.
— Mais j’ai mes papiers ! hurlait-il.
L’officier se tourna vers Lavarède et les autres passagers que le bruit avait attirés, parmi eux sir Murlyton et sa fille.
— Il a un accès, dit l’officier. Je vais le faire doucher.
— Non, intercéda Lavarède, laissez-moi lui parler.
— Comme il vous plaira. Mais la douche vaudrait mieux.
Pendant que s’échangeaient ces mots, Bouvreuil venait d’apercevoir l’Anglais.
— Ah ! Voici du moins quelqu’un qui me connaît et pourra affirmer si je suis ou non un imposteur.
Miss Aurett se pencha vers son père et, rapidement, à voix basse :
— Papa, vous ne pouvez rien dire… vous ne devez pas prendre parti contre M. Lavarède… question d’honneur.
— Mais, cependant…
— Ou bien, rappelez-vous que vous perdez vos droits aux quatre millions.
— C’est juste.