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PHILOSOPHIE ALLEMANDE.

— Monsieur Lavarède ! appela Bouvreuil.

— Quoi encore ?

— C’est entendu. La quittance contre le moyen.

— La quittance d’abord.

— Vous n’avez pas confiance en ma parole ?

— Oh ! j’ai à peine confiance dans votre signature.

Sans répondre à ce dernier trait, le propriétaire fouilla dans sa poche. Il en tira un feuillet de papier et un petit encrier portatif. S’installant de son mieux, il se disposa à écrire.

— À propos, fit Lavarède, vous me donnez décharge de ma dette et des frais ?

— Des frais aussi ?

— La liberté est le plus grand des biens.

— Soit.

— Bon. Seulement, permettez-moi de vous dicter les termes de cet acte. J’y tiens absolument.

Le père de Pénélope se sentit deviné. Il courba la tête :

— Vous n’êtes pas bête, murmura-t-il entre haut et bas.

— Je le sais bien.

— Dictez donc.

Et d’une plume rageuse, il traça ces lignes à mesure que Lavarède les prononçait :

« Ce 23 février 1891, en wagon près Szegedin.

M. Lavarède (Armand) m’ayant rendu en ce jour un signalé service, je lui fais remise pleine et entière, en toute liberté, de la dette de vingt mille francs qu’il avait contractée envers moi, ainsi que de tous les frais auxquels elle a pu donner cause. »

Puis il tendit le papier au journaliste en murmurant :

— Un reçu dans la forme ordinaire aurait suffi.

— Que non, monsieur Bouvreuil, vous m’auriez réclamé la somme à Paris. Ou bien j’aurais produit le reçu et perdu ainsi tout droit à l’héritage de mon cousin, ou bien, l’ayant détruit, je me serais vu contraint de payer.

Tout en partant, il examinait la quittance. Cela fait, il la plia méthodiquement, mais il n’acheva pas son opération et un accès de folle gaieté le secoua.

Au verso il venait de lire ces lignes :