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LA MAFFIA.

— Les deux S ?

— Oui, chuchota le banquier, Stiletlata, Scoppietlata, un coup de stylet ou d’escopette, le fer ou le plomb. Les braves qui arrêtent les voyageurs pour en tirer une rançon n’ont jamais fait grâce aux dénonciateurs.

— Joli pays, grommela le père de Pénélope, des bandits qui vous rançonnent et des poltrons qui les soutiennent.

Le signer Eserrato eut un large rire :

— On veut faire ses affaires et vivre longtemps. Du reste, si vous habitiez ici, vous agiriez comme nous.

Bouvreuil se redressa :

— Moi, commença-t-il…

Mais il se souvint de la façon prudente dont son interlocuteur avait ouvert la porte un instant plus tôt. Peut-être un auditeur invisible assistait à la conversation. Si bien qu’il termina sa réponse par :

— C’est évident.

Et d’un ton si convaincu que le banquier s’écria :

— Vous le voyez. Vous voilà sacré Maffioso.

L’usurier adressa au Sicilien un regard étrange, qui tourna lentement et vint se fixer sur Miraflor.

— Après tout, fit-il entre haut et bas, c’est une ressource.

— Quoi donc ?

— Rien, je plaisante.

Serrant la main du banquier, Bouvreuil quitta le bureau avec José. Une fois dans la rue :

— Mon cher Miraflor, dit-il, ne trouvez-vous pas les explications du signer Giovanni éminemment suggestives ?

— Si, si, ricana l’Américain, il me semble qu’il y a quelque chose à faire en cette île, où personne ne vous dénonce aux carabiniers.

— N’est-ce pas ? Et quand on veut se venger d’un homme qui révolutionne Costa-Rica, qui détruit les torpilleurs électriques…

Les yeux de José brillèrent :

— Vous avez une idée, mon cher Bouvreuil ?

— Parbleu !

— Et c’est ?…

— Une petite Maffia…

— À notre usage…

— Personnel. Voilà !

Bras dessus, bras dessous, les dignes acolytes s’éloignèrent le visage