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Page:Ivoi Les cinq sous de Lavarède 1894.djvu/403

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LES CINQ SOUS DE LAVARÈDE

exhiba son versificateur, comme « poète assermenté du palais de la Glorieuse Italie. »

Le lendemain, Lavarède reposé par une nuit de sommeil, réconforté par un déjeuner tiré de ses provisions, examina sa situation.

— Enfermé dans une île, c’est en bateau seulement que j’ai chance d’en sortir, par conséquent je vais faire un tour à la grève des matelots ».

Comme dans tous les ports marchands, il existe à Messine une place où les marins sans engagement se rassemblent. Les capitaines s’y rendent et y recrutent leur équipage. Depuis une heure, il attendait, reluqué curieusement par les assistants. Soudain il tendit l’oreille. Un homme de haute taille se promenait dans la foule répétant d’une voix forte :

— Un mécanicien breveté. Pas de mécanicien ?

Quand il arriva devant Lavarède, celui-ci l’arrêta :

— Un mécanicien, pour aller où ?…

— À Livourne, avec escales à Lipari, Naples, Civita-Vecchia et Piombino.

— Traversée de… ?

— Cinq à six jours.

— Je suis votre homme, ancien élève à l’École du génie maritime de Brest.

— Vous avez votre brevet ? interrogea l’embaucheur.

— Non, par la raison toute simple que j’ai fait naufrage hier, en vue de ce port, et que tous mes papiers ont disparu.

— Naufrage ?… Vous étiez donc sur le bateau électrique ?

Naturellement l’accident de la veille défrayait les conversations des marins et tous étaient au courant.

— Oui.

— Quel poste occupiez-vous ?

— Capitaine mécanicien.

— La preuve ?

— Un passager, sir Murlyton, était à bord. Il est descendu à l’hôtel de la Glorieuse Italie.

— Bien.

À ce moment, Lavarède aperçut, traversant la place, Langlois et Yan.

Il arrêta son interlocuteur qui se disposait à s’éloigner.

— Tenez, interrogez ces deux hommes.

— Pourquoi ?

— Ils formaient l’équipage du bateau.