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LES CINQ SOUS DE LAVARÈDE

— Ce n’est pas cela. Vous avez pris tantôt une demoiselle habitant à la Gloriosa Italia.

Fierone échangea un regard d’intelligence avec sa femme, puis de l’air le plus ouvert :

— Cela est vrai, signor.

— Où l’avez-vous menée ?

— À l’archevêché, à la Cathédrale, au Corso et au phare.

— Et après…

— Nous revenions quand, place du Senatorio, un homme m’a fait signe d’arrêter.

— Un homme ?

— Oui, Excellence, grand, mince, brun et très richement vêtu. Il a parlé à ma cliente et celle-ci m’a payé en disant qu’elle rentrerait à pied.

— Ensuite ?

— Je suis revenu chez moi, où vous me trouvez. Mais ces questions ?… La jeune dame n’est donc pas de retour ?

— Non.

— Jésus !… Madona !… grommela le cocher, prenant un visage grave.

— Que signifient ces exclamations ! interrogea le gentleman.

— J’ai peur que tout cela vous coûte cher.

— Cher ?… pourquoi ?

— Les « Bravi della Montana », murmura le Sicilien en hochant la tête !…

À leur tour, les visiteurs se regardèrent anxieux. Ils sortirent sans remarquer l’expression ironique du digne ménage italien. Murlyton avait perdu son flegme.

— Mon enfant, répétait-il, aux mains de misérables !… et ne pouvoir rien pour la secourir !

— Peut-être, dit Lavarède pensif.

— Ah ! mon ami, vous avez une idée ?

— Attendez-moi là !

Le journaliste se précipita sous le vestibule brillamment éclairé du palais de la signera Toronti. Une minute après il reparaissait.

— Venez, fit-il.

— Où cela ?

— Chez le capitaine des bersaglieri.

Chemin faisant, il apprit à l’Anglais qu’à la suite d’une enquête sérieuse le gouvernement italien avait jadis acquis une étrange certitude. La plupart des gendarmes siciliens étaient affiliés à la Maffia. Aussi les