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Page:Ivoi Les cinq sous de Lavarède 1894.djvu/436

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À LA COURSE.

frenier, je dois avoir l’air d’en être un. Or, la doublure de flanelle à larges carreaux me donne l’aspect d’un cocher en corvée. Rien de plus naturel dès lors que de me voir embarquer des chevaux.

Jean fut surpris de ce scrupule de mise en scène ; sa face rougeaude prit une expression ahurie, mais il n’insista pas.


Au voleur.

Lavarède s’acquitta de son rôle à merveille. Il surveilla l’embarquement des bêtes, installa le fils du fermier dans son wagon avec une sollicitude dont le garçon lui fut reconnaissant, et l’enferma soigneusement.

Cela fait, il promena autour de lui un regard circulaire. Les employés du chemin de fer ne s’occupaient pas de lui. Jean était du pays, connu de tous ; ou n’avait aucune raison pour surveiller ses mouvements. L’instant était propice au voyageur, qui, d’un bond, s’élança dans le second wagon et se dissimula derrière les bottes de foin empilées dans un coin pour nourrir les animaux durant la route.

Il mettait à exécution le plan conçu la veille à la ferme.

Le coup de sifflet du départ retentit, un soupir de satisfaction lui répondit. Lentement le train s’ébranla. On était en route pour Tonnerre.

Mais bien longue fut la journée !… Par bonheur, Armand s’était muni d’un solide « talon de pain » qui empêcha la faim de le talonner.

Villefranche, Mâcon, Chalon-sur-Saône, Chagny furent franchis sans difficulté, mais à Perrigny, près de Dijon, le voyageur non déclaré faillit être surpris. Profitant de l’arrêt de deux heures, Jean vint renouveler la nourriture des chevaux. Heureusement l’obscurité était profonde déjà, sans