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Page:Ivoi Les cinq sous de Lavarède 1894.djvu/446

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À LA COURSE.

se tenaient immobiles. Mais à l’arrivée du voyageur, ils se précipitèrent vers lui :

— Arrêtez-vous un instant.

— Je n’ai pas le temps.

— Vous prendrez bien un verre de champagne ?

— Cela volontiers.

Une flûte d’aï mousseux lui rendit sa vigueur première. Il reprit sa course.

— Je ne comprends rien à ce qui se passe… mais qu’importe. Le champagne était bon.

À Melun, c’est autre chose : Avec force politesses, on le supplie de prendre du chocolat. Il accepte encore, toujours sans s’expliquer ces gracieusetés.

Et ainsi, tout le long de la route, du thé, du cognac, des cordiaux.

— Ces gens sont fort aimables, mais le diable m’emporte si je comprends pourquoi ils s’intéressent tant à moi.

De lieue en lieue, des bicyclistes l’accompagnent, fendant l’air devant lui. Toute la France semble comprendre son désir d’atteindre Paris.

À quatre heures, il fait une entrée triomphale à Charenton, et là, déguste un excellent consommé agrémenté de boulettes de blanc de poulet.

— Ne vous trompez pas de chemin dans Paris, lui crie un cycliste.

Et il lui donne un itinéraire de rues aboutissant au Petit Journal.

— Juste à l’entrée de la rue de Châteaudun, pense Armand… Qui donc a dit à ce jeune homme que j’allais chez le notaire ?…

Presque à la même heure, sir Murlyton et miss Aurett suivaient la rue Lafayette, à Paris, se rendant pour la cinquième fois de la journée, chez maître Panabert.

Leurs visites précédentes les avaient remplis d’inquiétude. Aucune nouvelle n’était parvenue au notaire, depuis la lettre datée de Livourne. Aussi le gentleman était-il grave et sa fille un peu triste.

Ils marchaient côte à côte, sans échanger une parole. Qu’auraient-ils dit ? Sinon que l’absence de leur ami leur paraissait inexplicable. Lui, si adroit, comment n’était-il pas encore arrivé, comment n’avait-il pas donné signe de vie ?…

À la hauteur de l’hôtel du Petit Journal, les Anglais furent arrêtés par la foule. On se pressait sur les trottoirs, on discutait. Les fenêtres de l’hôtel étaient garnies de curieux.

M. Figard, organisateur de la course vélocipédique de Lyon-Paris, se