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V

LA MER DES ANTILLES

Les derniers jours de la traversée furent des plus calmes. Un seul incident se produisit aux approches de la mer des Antilles. Au loin, à l’horizon, une trombe apparut un soir, au soleil couchant ; l’eau, soulevée comme une colonne pélasgienne, rejoignait un gros nuage noir et semblait s’y engouffrer.

Sans être très commun, ce phénomène n’étonne pas outre mesure les navigateurs. Le spectacle est, au surplus, fort curieux, lorsqu’il se produit à distance suffisante pour n’être pas inquiétant.

Le même soir, la nuit venue, la mer devint phosphorescente ; des vagues argentées déferlaient le long de la Lorraine, faisant jaillir des millions d’étincelles aux vifs scintillements.

La présence antérieure de la trombe d’eau et des gros nuages disait assez combien l’atmosphère était chargée d’électricité.

Cela amena l’éternelle discussion sur la phosphorescence de l’océan ; Lavarède l’attribuant à une cause électrique, Murlyton tenant pour la tradition qui veut que ce phénomène soit produit par des myriades d’animacules d’un ordre spécial. Miss Aurett ne cherchait pas la cause et se contentait d’admirer l’effet, un peu féerique, qui parlait à son âme.

Mais, tandis que ceux-ci élevaient leurs esprits aux spectacles de la nature, d’autres s’abaissaient aux combinaisons humaines les plus viles. Entre Bouvreuil et José, une sorte de pacte était conclu. Le vieux finaud