Page:J. Raimond - Lettres à ses frères les hommes de couleur.djvu/14

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Je ne dois pas vous cacher et vous taire ce que j’ai déjà écrit plu-Sieurs fois à nos frères de la partie du Sud, et que j ’avals chargé de vous communiquer ■ ; que votre négligence à effectuer Le don patriotique qu’ils m’avolent autorisé de faire en leur nom , a beaucoup nul à ïibtre cause ; car je ne fais aucun doute que , si ce don de six millions des colonies eût été effectué avant , ou Immédiatement après le décret du i$ mai 3 jamais II n’eiît été révoqué , parce que l’assemblée nationale eût vu une classe d’ hommes bien Intéressante et digne de la plus grande protection , dans clés hommes qui eussent fait un don aussi considérable ci la nation , et sur - tout lorsque la classe des blancs qui cherchaient à les avilir , n’offrait, et ne donnolt rien. Au contraire, cette offre n’étant point effectuée, les colons blancs l’ont tournée en ridicule , et nous ont représentés comme une horde de vagabonds , presque sans possessions , et n’étant tout au plus qu’au nombre de 5 à 6,000 dans toutes les colonies. Toutes ces inculpations fausses sans doute , n’ont que trop fait d’effet envers ceux qui ne connoissent pas les colonies ; et nous avons été sacrifiés à l’opulence que les colons blancs âffiehoiénf , à leurs grandes possessions , et à leur nombre supposé immense dans les colonies.

Malgré tout cela , mes chers compatriotes , rien n’est encore désespéré , si vous vous montrez bons français et bons patriotes’ ; et ce ne sera pas en faisant des Insurrections , que vous parviendrez aie prouver j car, dans utp pays comme celui que vous habitez , elles ne peuvent , comme vous le sentez bien , que le mener à sa fui%e totale j vous devez donc vous en tenir à solliciter Ici auprès de l’assemblée nationale , en obéissant d’avance ci tous ses décrets ; donnez cet exemple aux colons blancs ; mais adressez toujours vos pétitions au corps législatif , la loi vous en accorde le droit ; ce n’est qu’en suivant cette marche , que vous parviendrez à être réintégrés dans vos droits^ Vo> s exposerez toutes les brigues qu’on a employées , pour faire retirer le décret du i5 mal ; vous prouverez ensuite , d’une manière évidente , que vous possédez , comme II est vrai 3 le tiers au moins des terres dans les colonies , et le quart des esclaves ; ensuite , que notre classe forme au moins la moitié de la population libre des colonies , et que cette classe est d’une utilité indispensable au maintien des esclaves ; que ses consommations sont une des principales ressources du commerce de France ; enfin , tout ce qui pourra faire sentir aux représentans de la nation, combien il est intéressant et politique même de vous faire jouir des droits , dont un citoyen propriétaire sur-tout doit jouir.

Pour cela , comme je vous l’ai mandé plusieurs fois , il vous faut ici des représentans qui puissent sans cesse agir , et saisir les occasions favor blés ; il faut qu’ils soient munis de pouvoirs de chacune des a’ois-es de la colonie , pareils au moins à ceux dont vous avez chargés Perrier et Lamothe, Ce n’est pas tout encore , il faut que vos