Page:J. Raimond - Lettres à ses frères les hommes de couleur.djvu/15

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représentai ! s puissent avoir des fonds suffis an s , ;’ pour sub dépenses qu’il y aura à faire clans leurs missions, et qu’il’ se "montrer d’une manière à faire connoitte que leurs commettions ne sont pas sans possessions et sans moyens ; car aùtoeïn’ent les discours et les écrits des colons blancs prévaudront toujours , et l’on croira véritablement notre classe peu considérable, peu intéressante, et elle sera sans cesse sacrifiée à celle des blancs.

Depuis plus d’un an je n’ai discontinué de vous écrire , pour vous avertir qu’il falloit envoyer des députés et de l’argent, pour suivre notre cause auprès de la nouvelle législature. Je vous ai mandé également que mes moyens étoient épuisés par sept ans de dépenses faites pour solliciter et défendre notre cause ; vous saurez que depuis le commencement de 1785 , j’ai commencé de réclamer auprès du ministre de la marine, a) et ensuite à l’assemblée nationale ; que pour cela j’ai fait deux voyages exprès à Paris, très-coûteux par les dépenses où ils m’ont entraîne ; qu’indépendamment de ces frais , j’ai payé pour près de quinze mille livres tournois de frais d’impression ; que j’ai été obligé et que je le suis encore, de donner souvent à manger à toutes les personnes qui peuvent être utiles à la cause, ou qui la défendent, afin de pouvoir les rassembler , leur communiquer et arrêter ce qu ’il [fallait faire : Que pendant toute la durée de la première législature , j’étois obligé de prendre trois ou quatre fois par semaine des fiacres-, pour aller voir tous les députés qui parloient pour nous , et que cela me coûtoit chaque fois six et nuit francs , enfin une infinité d’autres dépenses où l’on est entraîné quand on est forcé d’êîre répandu ; ajoutez à cela la vente forcée de mon habitation, obligé de la donner au-dessous de sa valeur(Z>), sur laquelle on m’arrache encore trente mille livres tournois , par les fraudes des experts blancs , ( lors de la mise en possession à l’Amérique ) qui tous desiroient, comme vous le pensez, me voir ruiné, puisqu’ils ne pouvûient me perdre. Ils ont agi dans cette occasion avec d’autant plus de sûreté, que pas un de mes frères n’a osé se présenter dans ces circonstances difficiles, comme je leur en avois donné le pouvoir. "Voilà à-peu-près l’état des choses qui me concernent ; vous êtes trop justes, mes chers compatriotes , pour exiger que je fasse à mes frais , la dépense coûteuse d’une affaire commune, et que je continue de courir à ma ruine entière.

Si les blancs ont réussi à ce qu’ils vouloient , et sur- tout à faire révoquer le décret du i5 mai , c’est qu’ils ont toujours été en mouvement, (a) M. Pinchina Ravine a été témoin de mes démarches , de ma correspondance avec le ministre , et de ison séjour à Versailles pour cet objet. (b) J’expliquerai dans ma correspondance pourquoi j’ai été forcé de la vendre, et quels moyens les colons blancs avoient pris pour la faire piller et dévaste» A 2

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