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LE TOUCHER CONTRAIRE

fait qui se passe réellement dans notre pensée, si nous posons un doigt sur une bille de manière à ce que le doigt ne sente qu’une portion de la surface de la sphère, tandis que la pensée conçoit sa forme totale.

Lorsque, page 106, cette image totale de la sphère nous apparaissait en corrélation avec le fait que la bille repose sur un appui qui prête résistance pendant la réalisation du toucher, nous nous demandions si les perceptions sphériques subsisteraient si l’appui faisait défaut ?

En réalité, même si cet appui subsiste, il suffit de faire dévier légèrement la position du doigt de façon que son orientation ne concorde plus avec celle de l’appui qui provoque l’équilibre de la position de la bille, pour ne plus sentir autre chose que la surface du doigt mise en contact avec la bille et la surface de la bille mise en contact avec le doigt ; car au moment où la différenciation des deux directions est perçue, l’image sphérique disparaît.

Nous voyons donc précisément la représentation sphérique s’évanouir au moment où le doigt se met vis-à-vis de la sphère touchée, dans des rapports que, en ce qui concerne nos perceptions visuelles, notre corps ne pourrait jamais occuper sur la sphère terrestre.

L’influence du centre de gravité peut être la même extérieurement dans l’équilibre corporel, intérieurement dans l’équilibre mental. Et peut-être, vu le caractère fonctionnel de nos sens, est-il impossible que nous subissions l’influence des lois de la pesanteur sans qu’elle provoque la représentation inverse de la résistance au poids et ainsi, notre conception