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LE TOUCHER CONTRAIRE

mains. Il n’y a plus qu’un cerveau, comme il n’y a plus qu’une main et cinq doigts. Car effectivement, tandis qu’à travers l’appui transversal, les pressions des doigts complémentaires se pénètrent en direction opposée, au contraire l’ordre de succession des doigts et les images linéaires des pulpes se superposent parallèlement comme si les deux mains ne formaient réellement qu’une seule main.

Mais dans cette image unifiée double, nous voyons qu’il existe une inversion totale entre le toucher de cette main complémentaire et le toucher musical.


Le toucher contraire et le toucher musical.

Dans le toucher musical, les pressions des deux mains ont, par rapport à l’enfoncement des touches, une direction parallèle, tandis qu’au contraire, ce sont l’ordre de succession des doigts et les images linéaires des pulpes qui s’échelonnent pour les doigts correspondants en sens opposé, symétriquement. Donc, les phénomènes auditifs provoqués par le toucher musical proviennent d’une adaptation sur un seul plan (le clavier) du toucher contraire, dont les pressions se pénètrent.

Ces pressions des doigts complémentaires seraient en somme, à celles du toucher musical, ce que l’androgyne de Platon est par rapport à l’être humain soi-disant divisé.

Un jour, peut-être, construira-t-on des claviers à double face, d’ici là, le toucher musical ne peut pas être considéré comme une vérité absolue, mais comme une vérité adaptée à une réalité incomplète : le clavier. On peut admettre que la nécessité de