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LE TOUCHER MUSICAL

l’harmonie musicale et l’activité mentale de l’interprète, on doit supposer que l’interprète est incapable de penser aux relations existantes entre les sons émis par ses pressions, si le champ de sa sensibilité se fractionne de manière à se décomposer en petites unités sans liens. Par contre l’élargissement des facultés mentales semble relié à l’élargissement du champ de la sensibilité ; le cadre dans lequel les phénomènes artistiques s’accomplissent semble s’élargir à la fois visiblement dans l’espace et invisiblement dans la pensée.

On peut dire que les relations inhérentes aux sons émis par les pressions, apparaissent corrélativement à l’élargissement qui se fait dans les relations des sensations tactiles. Comme libérée par cet élargissement du cadre des sensations, la pensée de l’interprète s’élargit et résoud les problèmes esthétiques avec un renouveau inépuisable.


La représentation visuelle des claviers minuscules de l’appareil de la sensibilité tactile.

En réalité, celui qui touche musicalement éprouve des sensations tactiles intenses, grâce auxquelles il peut se représenter visuellement les claviers minuscules de ses pulpes qu’il met en contact avec les touches.

Ceux qui harmonisent leurs pressions sans connaître le mécanisme linéaire correspondant à cette harmonie n’en possèdent pas moins une représentation intuitive, puisque c’est par la coordination linéaire intuitive que leur toucher devient musical.