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DE RESTIF DE LA BRETONNE.

beaucoup de détails historiques et de particularités curieuses. On ne peut douter que Restif n’ait eu qu’une part relativement peu importante dans la compilation et la rédaction de cet ouvrage, lequel n’a pas été pourtant écrit par une femme, quoique l’auteur y parle toujours au féminin. Il évite de s’étendre, d’ailleurs, sur les fameux graphes, comme s’il craignait de trahir son secret et de nommer ses collaborateurs. Celui qui a fourni la plus grande part, sinon la meilleure, à la Mimographe, est certainement Nougaret, avec qui Restif se brouilla vers l’époque où ce livre était sous presse. Restif y a pourtant contribué à sa manière, en y ajoutant un roman relatif aux mœurs du théâtre, outre une foule d’idées singulières qui lui appartiennent bien. Il dit seulement, à propos de la Mimographe, dans Monsieur Nicolas (tom. X, p. 2247), qu’il composa cet ouvrage « durant tout l’été de 1769 » et qu’il l’imprima, avec Michel, comme le Pornographe. Nougaret, ce compilateur infatigable, avait réuni sans doute les matériaux de la Mimographe, et Restif s’était chargé de faire imprimer et de publier l’ouvrage, avec partage de bénéfices, aux frais du prote Michel : « Il est des gens dont l’avidité est insolente, dit-il en parlant de cet entrepreneur d’impressions (Monsieur Nicolas, tome X, p. 4558). J’avais été payé, comme ouvrier, du câsement de mon Pornographe ; je ne le fus pas de mon travail de la Mimographe, sous prétexte que c’étaient des changements, et que je devais bien faire mon manuscrit, du premier coup. Je dévorai tout cela. Je pouvais objecter la difficulté de la matière et son importance. Je n’objectai rien ; je travaillai six mois, du matin au soir, avec une application dont peu d’hommes sont capables… Ce volume fut beaucoup plus gros que le premier (la première édition du Pornographe) ; les notes en furent plus étendues, plus raisonnées ; l’enveloppe romanesque en est mieux faite. Il y a beaucoup de néologisme, qui n’est pas toujours également heureux. « C’est l'enveloppe romanesque dont Rétif est le fabricateur ; mais combien de choses curieuses et intéressantes, dans les Notes, sur l’intérieur de la scène, sur les théâtres du boulevard du Temple, sur les acteurs et les actrices, sur le déplacement nécessaire du Théâtre national à Paris, etc. !

L’Avertissement de l’Éditeur, en forme de table des matières, ne nous donne aucun renseignement sur la manière dont cet ouvrage a été composé ; or, il est certain que Restif n’a fait que le roman par lettres, au milieu duquel se trouve intercalé un véritable traité de l’art dramatique, que complètent des notes très-abondantes, pleines de détails précieux. On peut se faire une idée de la multitude de recherches que l’auteur, quel qu’il soit, a rassemblées sur son sujet, en parcourant la nomenclature sommaire que renferme l’Aver-