Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/145

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Humeur badine des dames Créoles. — Qu’on me permette seulement deux historiettes croustillantes, qui me serviront à mettre en relief l’humeur badine des dames Créoles. J’obtins un certain succès de rire en racontant, un soir de carnaval, dans une soirée intime chez des dames du meilleur monde, une nouvelle Provençale, travestie en patois Créole. C’est l’histoire du Tafanari, racontée tout au long dans l’Armana Prouvençaou.

« Lou Tafanari » et « son Patato ». — Voici l’histoire résumée en Français :

Misé Roze, dame de la ville, étant allée visiter sa métairie, en compagnie du fermier, monta sur une ânesse docile. Étaient-ce les effluves du printemps qui firent faire feu des quatre pattes et de la queue à cette ânesse ? On ne sait, mais le résultat fut la chute de Misé Roze, dont le cotillon, se relevant par dessus la tête, étala au grand jour les appas arrondis qu’il couvrait pudiquement. Notre infortunée se relève prestement et regrimpe sur l’ânesse, après lui avoir infligé une correction bien méritée. Le fermier, impassible, n’avait soufflé mot. Dépitée et confuse, la belle, voulant faire diversion, s’adresse en ces termes à son compagnon de route : « Paysan, as-tu vu mon azilité ? » L’autre répond gravement en Provençal :

— « Noumas aquo l’azilité, naoutrés dian lou tafanari. » En patois Créole : « Ou qu’a di ça azilité, mo qu’a dit ça son patato » En Français, le patato, c’est le luc (à rebours ).

Les mésaventures d’un chanteur grivois. — Dans ces soirées agréables, où l’on rencontrait toujours les mêmes personnages, j’avais lié connaissance avec un officier, M.  B***, gros homme, possesseur d’une voix de stentor, qui chantait la chansonnette comique. Il avait, à l’usage des dames, toute une série de balivernes, comme le Gros Chat gris, le Soulier de Mélanie, le Chapeau de la