Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/70

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par connaître un jour le secret de cette comédie de mœurs.

Un de ces jeunes marchands Chinois, que j’eus l’occasion de soigner, me fit en retour, et comme par reconnaissance, des révélations bien curieuses sur les mœurs contre nature de l’immense majorité de ses compatriotes appartenant à la même catégorie sociale. Chaque patron dispose à sa guise, et selon son goût, de ses employés et apprentis. Ceux-ci forment entre eux des liaisons amoureuses, et les Oreste et Pylade ne sont pas rares dans la gent à longue queue. Il y a généralement alternance de rôles entre eux, chacun étant tour à tour mari et femme. Plus tard, avec l’âge, la perversion allant toujours en s’accentuant, lorsque les forces génitales baissent et qu’ils sont devenus patrons à leur tour, le rôle entièrement passif seul leur convient. De goût éclectique, le Chinois recherche l’Européen atteint du même vice.

Le magasin du Chinois Ach***. — En 186., un des plus riches marchands de bibelots, le Chinois Ach***, devenu plus tard un des plus importants Chinois de Saïgon, avait une réputation universelle sur la place. On allait en foule prendre le soir chez lui d’excellent thé. Bien entendu, ses clients ne s’en vantaient qu’à huis clos et entre eux, car Ach*** était trop compromettant. Malgré la tolérance des mœurs de l’époque, il suffisait d’aller faire quelques achats dans son magasin pour être suspecté d’avoir part à ses faveurs lubriques. Les loustics Saïgonnais définissaient ce genre d’opération « labourer la terre jaune. » Je donne le terme pour ce qu’il vaut. On trouvait chez Ach*** un assortiment complet de phallus Chinois et Japonais et des albums coloriés de l’Arétin Chinois.

Vingt-cinq ans après, j’ai retrouvé Ach***, riche et bien considéré par ses compatriotes, gros, gras et bien portant.