Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/105

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régions de Cao-bang, Lang-son et Lao-kay, elle domine. Le Chinois s’unit aux femmes du pays, il impose à sa compagne ses pratiques religieuses, ses mœurs, ses coutumes et jusqu’à la nourriture et l’habillement des fils du Céleste-Empire. Les métis se rencontrent aussi dans les provinces de la côte, et j’en ai vu beaucoup à Hanoï. Ils sont aussi intelligents que les Minhuongs de Cho-lon, mais plus grands et plus vigoureux. Les enfants de Chinois suivent les exemples des pères et dédaignent leurs compatriotes et leurs mères.

Avant notre arrivée, grâce à son nombre et une indéniable supériorité, le Céleste envahissait le pays et le transformait par une conquête lente mais continue. Il est incontestablement l’arbitre du commerce et il impose sa langue. Nous sommes venus arrêter son essor et prendre contact avec une nation de trois ou quatre cents millions d’habitants. L’avenir montrera si la France n’a pas été imprudente en s’étendant jusqu’à la frontière de la Chine.

La piraterie Chinoise. — Le Chinois a toujours considéré le Tonkinois comme un être de race inférieure, taillable et corvéable à merci. Cette vieille civilisation, peut-être la plus ancienne du globe, est restée immuable dans ses habitudes de conquête ; elle opère par le pillage, la ruine et la dévastation du peuple conquis : procédés identiques à ceux des Romains et des peuples de l’Asie occidentale (Perse, Assyrie, etc.), avant l’ère Chrétienne, et des peuples Européens avant l’ère moderne.

Le Chinois est pirate de mer dans le golfe du Tonkin, la côte d’Haïnam, les bouches du Delta et les îles du littoral. Les barrages établis par la population à l’entrée des rivières et des bouches du fleuve n’ont jamais arrêté les jonques Chinoises. Ces pirates opèrent comme les anciens