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Les religions sont les mêmes au Tonkin qu’en Annam et Basse-Cochinchine : la religion du Chinois Confucius pour les lettrés ; le Bouddhisme altéré, les superstitions et croyances aux sorciers pour le peuple. Les cérémonies du mariage et de l’enterrement ne présentent aucune différence essentielle.

Caractères moraux de la race Tonkinoise. — Les caractères moraux de cette race ressemblent beaucoup à ceux de l’Annamite du Sud, mais si ce dernier jouit d’un peu de tranquillité sous le régime Français, qui l’a débarrassé du despotisme des Mandarins, le malheureux Tonkinois est pris entre trois maîtres : l’ancien Mandarin de Hué, qui est tout-puissant pour continuer ses exactions, le protectorat Français qui le défend tant bien que mal contre le Mandarin ou le pirate Chinois, et enfin ce dernier qui le vole et le rançonne. Le Français le met à l’amende, le Mandarin fait jouer la ka-douï qui fleurit au Tonkin, et le Chinois, brochant sur le tout, incendie sa case et lui coupe la tête s’il fait mine de se défendre.

Aussi, le paysan Tonkinois est-il doux, timide et craintif. Il ne demanderait qu’une chose, la tranquillité, la paix et le droit de labourer sa rizière pour en tirer l’existence quotidienne. Presque sans armes, il lui est impossible de se défendre contre les razzias des pirates et des réguliers Chinois déguisés en pirates, armés de fusils à tir rapide. Son sort est digne d’intérêt.

Formes et perversions de l’amour au Tonkin. — Je ne pourrais que répéter ici ce que j’ai déjà dit pour l’Annamite du Sud, la race étant la même et l’influence de la civilisation Chinoise ayant produit au Tonkin les mêmes effets qu’en Basse-Cochinchine.

Les formes et les perversions de l’amour n’ont pas de différence bien appréciable. Le nay et le boy fleurissent à Hanoï et Haï-phong comme à Saïgon : tous deux