Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/120

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d’arec, du bétel. Après une invocation au prah pisnoukar, le Génie de l’Industrie et du Commerce, l’opérateur châtre l’animal et reçoit comme salaire le sra, le coq et la courge.

Bravoure du Cambodgien. — Le Cambodgien est brave et se sert habilement des quelques mauvais fusils sans crosse qu’il possède, ainsi que de longs bâtons en bois dur de deux mètres et demi à trois mètres de longueur, qui sont entre ses mains une arme redoutable. Il ne craint pas la mort. C’est avec ces armes primitives qu’il affrontait, en 1866, nos carabines rayées, et, en 1885-86, le fusil Gras des Français et des Tirailleurs Annamites. S’il est le vaincu de l’Annamite, c’est parce que, quoique plus vigoureux et aussi brave que ce dernier, son organisation militaire était moins perfectionnée.

Chasses de l’éléphant et du rhinocéros. — Les chasseurs Cambodgiens, avec de mauvais fusils à pierre et à mèche, ou même de simples bâtons, chassent l’éléphant, le rhinocéros, les sangliers, les bœufs sauvages, qui pullulent dans les forêts du Cambodge. La chasse de l’éléphant est fort dangereuse, quoique on le tire avec une flèche empoisonnée mise dans un fusil.

« La chasse du rhinocéros est très hardie, raconte M.  Moura, ancien résident au Cambodge. Quatre ou cinq chasseurs habiles se réunissent, armés de longs bambous pointus durcis au feu. Ils se rendent sur les lieux où un rhinocéros a été signalé, et, dès qu’ils aperçoivent la bête, ils se dirigent sur elle. Quand le rhinocéros voit les chasseurs à peu de distance de son repaire, et au moment où il ouvre sa large gueule, ceux-ci lui enfoncent profondément dans la gorge les bambous effilés dont ils sont armés. Ceci fait, les chasseurs s’esquivent promptement et grimpent sur les arbres, tandis que l’animal blessé ne tarde pas à tomber, perdant le